Résumé :
|
Le paradoxe des représentations sans objet rassemble les recherches qui présidaient aux séminaires que nous avons organisés à la formation doctorale de Philosophie de l'Université de Brazzaville durant les années 2010-2015. Le coup d'envoi de ces recherches a été donné par la méditation de la fameuse lettre du 26 décembre 1926 de Martin Heidegger à Karl Jaspers – une lettre qui précède de quelques mois seulement la publication de Sein und Zeit qui intervient en 1927. « Si le traité (i.e. Sein und Zeit) est écrit « contre » quelqu'un, c'est contre Husserl, qui l'a vu tout de suite, mais s'en est tenu à l'aspect positif. » (Martin Heidegger, Correspondance avec Karl Jaspers, traduit de l'allemand par Claude-Nicolas Grimbert, Paris, Gallimard, 1996, p. 62). On sait, depuis les travaux de Rudolf Bernet (voir La vie du sujet, Paris, PUF, 1989, pp. 40-92), que la source du différend entre Heidegger et Husserl est constituée par l'intentionnalité, dans la mesure où Heidegger oppose la transcendance du Dasein à l'intentionnalité de la conscience qui est à l'œuvre chez Husserl. En revanche, ce que l'on sait peut-être beaucoup moins, c'est la genèse de l'intentionnalité. Si l'on travaille à la reconstruction du contexte philosophique de la genèse de la question de l'intentionnalité, on s'aperçoit qu'elle apparaît dans un contexte particulier – celui des représentations sans objet qui ont mobilisé les efforts de Bolzano, Frege et Twardowski. Le mérite est revenu à Husserl d'avoir, au moyen de l'intentionnalité, résolu le paradoxe des représentations qui ne représentent aucun objet dans un essai important demeuré pourtant inédit – Objets intentionnels. Avec cet essai s'opère déjà la percée de l'intentionnalité que Husserl n'a eu de cesse d'attribuer aux Recherches logiques.
|